Le jardin de demain

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Les jeunes familles quittent la ville à la recherche d’un habitat plus spacieux et plus vert. Mais y a-t-il encore de la place pour cela ? L’architecte paysager Sven Vanheerswijnghels du bureau Groener nous parle de son approche en la matière et de la façon dont la notion de « jardin » va à son avis évoluer dans le futur.

La verdure a-t-elle encore sa place?

Les gens recherchent clairement de la verdure dans leur cadre de vie. Comment ressentez-vous cette tendance en tant qu’architecte paysager ?
Il est vrai que de nombreuses jeunes familles avec enfants préfèrent un logement au calme, avec de l’espace et plus de végétation que ce que l’on trouve généralement en ville. Elles savent qu’un cadre de vie vert offre de multiples avantages. On observe que les promoteurs immobiliers réagissent à cette demande en développant en périphérie des grandes villes de vastes projets comprenant des appartements et des logements unifamiliaux dotés d’un petit jardin privé associé à un espace vert commun. Dans les villes, on s’efforce de satisfaire au besoin de verdure en aménageant davantage de toitures végétales.

Le jardin de demain

Pourquoi les gens attachent-ils tellement d’importance au fait d’avoir de la verdure autour d’eux ?
Inconsciemment, ils sentent que la verdure est bonne à la fois pour la santé et pour la qualité du cadre de vie. Des études ont montré que le fait d’avoir de la végétation dans son champ de vision réduit le stress. La présence de verdure dans son voisinage invite à sortir se promener, faire du vélo, à des interactions sociales, de l’amusement et de la détente. Et puis, en été, la végétation extérieure rafraîchit la maison et ses abords.

En tant qu’architecte paysager, comment comblez-vous ce besoin de verdure ? Devez-vous faire preuve de beaucoup de créativité là où l’espace est limité ?
Mon principe est le suivant : l’aménagement de l’espace vert doit répondre aux besoins des personnes qui l’utilisent. Les gens ayant généralement peu de temps, la demande de jardins nécessitant peu d’entretien augmente. De plus, la majorité des gens désirent à la fois un espace qui offre du repos, une belle vue, de l’intimité et une place de parking juste devant leur porte. À vrai dire, ces besoins ont légèrement changé ces dernières années : tout doit être réalisé à plus petite échelle, sans que la sensation d’espace en pâtisse. Dès lors, la mission principale de l’architecte paysager consiste à répartir ces petits espaces de manière optimale et à combiner
les différents besoins avec créativité. Dans ce cadre, les connaissances et la vision d’un architecte paysager sont un plus. Lorsque je soumets un projet, la réaction est bien souvent : « Je n’y aurais jamais pensé moi-même ! » C’est à cela que nous servons.

Comment pensez-vous que ces besoins évolueront à l’avenir ?
Au fur et à mesure que l’impact du changement climatique augmentera, la verdure sera de plus en plus considérée comme une partie de la solution. Par exemple, la végétation retient plus longtemps les eaux de pluie et les évacue de manière plus uniforme. Elle contribue donc à éviter les excédents d’eau. Par ailleurs, qui dit végétation dit aussi plus d’ombre et une meilleure régulation de la
température. À l’avenir, la demande de végétation va s’accroître, de même que la volonté de rendre les infrastructures existantes plus vertes

Sven Vanheerswijnghels, architecte-paysagiste:
« Les espaces verts doivent conférer un sentiment de sécurité.
Voilà pourquoi un petit parc de quartier attrayant et sûr est souvent
plus efficace qu’un grand parc urbain : ce qui importe surtout,
c’est que les gens y rencontrent leurs voisins. »

Quelle est à votre avis l’importance du rôle social des espaces verts communautaires ?
À l’instar du jardin privé, l’aménagement d’un espace vert partagé doit répondre aux besoins des personnes qui l’utilisent. Si l’espace vert à proximité de chez soi est attrayant, il donne envie de sortir plus souvent. Le plus difficile est d’attirer un maximum de groupes cibles dans un petit espace, en y prévoyant par exemple une plaine de jeux pour les enfants, mais aussi des sentiers de promenade pour les personnes âgées. Les espaces verts doivent offrir une impression de sécurité. C’est pourquoi un petit parc de quartier, sûr et sympathique, est souvent plus efficace qu’un grand parc urbain : ce qui compte, c’est que les gens y rencontrent leurs voisins. Le fait de placer des bancs à des endroits stratégiques augmente le temps que les gens y passent et multiplie les chances de contacts sociaux.

Avez-vous relevé d’autres tendances ? Vers quoi se dirige-t-on pour 2030 ?
Une tendance persistera de toute façon : la demande de jardins nécessitant un minimum d’entretien et d’efforts et offrant un maximum de calme et de plaisir tout au long de l’année.
Au vu du changement climatique, le jardin de demain prendra davantage en considération des solutions écologiques ainsi que le maintien et l’accroissement de la biodiversité. Et puisque les espaces verts vont se raréfier, la notion de « jardin » sera perçue différemment. Le jardin de demain ne sera plus une parcelle de terrain classique telle que nous la connaissons aujourd’hui, mais plutôt un mur végétal vertical, un jardin de toit, ou même une simple vue sur de la verdure.
La tâche de l’architecte paysager consistera alors à utiliser tous les moyens
possibles pour agrandir visuellement l’espace disponible et le rendre le plus vert possible.

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